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Comment aller dans le cloud

L’infonuagique a occupé beaucoup de place dans les pensées, les discussions, voire les actions des entreprises en 2018. Si la tendance se maintient, 2019 sera sans doute aussi une année de transformation numérique pour plusieurs entreprises à des rythmes plus ou moins soutenus. Certaines entreprises sont probablement toujours en réflexion sur ce que l’infonuagique pourrait bien leur apporter. D’autres se demandent peut-être pourquoi tout ce battage médiatique? Mais plusieurs organisations ont probablement pris la décision de l’adopter, sauf qu’elles se demandent comment y arriver? À cette question, comme le dit le dicton : tous les chemins mènent à Rome! Mais avant, revenons à quelques définitions.

Pour les fins de cet article, disons qu’« aller dans le cloud » signifie de manière simplifiée : consommer ou s’abonner à un ou plusieurs services Internet rendus disponibles par un fournisseur dans le but de répondre à un besoin TI plus ou moins large. Les façons de s’abonner ou de consommer ces services s’inscrivent dans trois démarches distinctes que l’on désigne par les acronymes : IaaS, PaaS et SaaS.

IaaS ou Infrastructure as a Service : il s’agit de rendre disponibles des API et des services en faisant abstraction des infrastructures physiques dans le but d’en permettre l’usage et la consommation sur demande : serveurs, espace de stockage, services réseaux (liens, VPN, etc.)

PaaS ou Platform as a service : c’est un regroupement de services ayant pour objectif de permettre le développement, le déploiement et la gestion d’applications sans la complexité inhérente des infrastructures TI sous-jacentes (réseau, traitement, stockage, sécurité, etc.); à titre d’exemple, Pivotal est un PaaS populaire.

SaaS ou Software as a Service : c’est un logiciel (ou une application) géré comme un tout par un tiers sur Internet et livré comme un service consommable et payable sur la base des fonctionnalités utilisées. Office 365 est un bel exemple de SaaS. 

L’approche IaaS en d’autres mots repose sur un modus operandi qui est très proche des TI traditionnelles, car on y retrouve les mêmes concepts que dans les centres de données en entreprise : unités de traitement, espaces de stockage, réseau, pare-feu, segmentation, etc.

« Migrer vers des services IaaS c'est un peu comme faire du "lift and shift” avec le moins de tranformations possible. »

Cette façon de faire comporte moins de risques, permet de conserver des pratiques TI similaires, permet de passer d’un mode comptable CAPEX à OPEX. Mais la question que l’on peut se poser : est-ce vraiment ça adopter l’infonuagique?

L’approche PaaS pour sa part est ce qui représente l’esprit de l’infonuagique comme approche moderne des TI. Elle suppose une réingénierie totale, sectorielle ou partielle du parc applicatif de l’organisation dans le but de la rendre plus flexible, plus agile en réponse à ses besoins. Ce n’est pas une mince affaire. Elle est donc plus risquée et plus coûteuse à court terme et demande de repenser la vision à long terme des TI au sein de l’entreprise. Aussi, qui dit réécriture d’applications, dit aussi choix de langages de développement, ou encore plus généralement, sur les piles de développement (« development stack ») et les méthodes de livraison. Ce genre d’engagement n’est jamais pour le court terme si l’on souhaite développer son expertise et espérer un retour sur ses investissements. Mais les bénéfices peuvent être immenses et transporter l’entreprise vers de nouveaux horizons.

L’approche SaaS c’est la version 100% Internet du logiciel ou progiciel que l’on achetait à l’époque avec ses CD et ses manuels, mais en mode géré et exploité par le fournisseur de services. Il s’agit ici de remplacer un logiciel par un autre, mais sans devoir déployer d’infrastructure. Se faisant, la question de réapprendre une nouvelle application se pose. De plus, l’adaptabilité de l’application doit être prise en compte et faire partie des critères de sélection. Enfin, choisir une application gérée, c’est un peu comme un mariage, on doit se commettre sur le long terme pour récupérer ses investissements en temps. C’est pour cette raison qu’il est fort pertinent de débuter autant que possible par des applications non critiques ou secondaires pour tester ce mode de migration en infonuagique.

Toutes ces façons de faire vous rapprochent d’une manière ou d’une autre de l’infonuagique et elles ne sont pas exclusives, au contraire, elles peuvent être complémentaires. C’est ce que l’on nomme de plus en plus comme l’infonuagique hybride. Comme plein de choses dans la vie, tout n’est pas noir ou blanc, il y a toujours une zone grise entre les deux. C’est pour cette raison qu’il y a mille et une façons d’aller dans le cloud comme d’aller à Rome.

Jean-François Martin
Conseiller principal – Architecture et technologies